Le chamanisme

Le Chamanisme

Le chamanisme : définition

Le chamanisme ne peut se réduire à une définition tant il est capable de changer d’apparence. Il n’existe pas un chamanisme mais d’innombrables formes qui se sont adaptées au fil des siècles. Entre celui issu des grottes du paléolithique, celui de Mongolie, le chamanisme amérindien et le chamanisme urbain pratiqué aujourd’hui en Occident, il y a un monde. Toutefois, au-delà de ces différentes apparences, l’esprit du chaman perdure à travers ces rituels chamaniques et inspire celui qui cherche à s’y relier.

Le chaman est un voyageur immobile. Il explore l’immensité du monde des esprits en modifiant son état de conscience. Il voyage à travers la méditation, l’extase ou la transe jusqu’aux limites du réel. Un pouvoir surnaturel que l’on peut relier aisément aux dons de perceptions extra sensorielles et à des pratiques spirituelles comme avec la Wicca.

Les chamans sont des intermédiaires entre les mondes visible et invisible de l’univers de la voyance divinatoire. Ils ont développé la faculté de percevoir l’esprit des défunts, des arbres, des animaux, des forêts, des rivières. Ils nous enseignent que tous les règnes peuvent vivre en paix les uns avec les autres. Cela implique que chacun respecte et déjà reconnaisse l’existence des autres règnes et ne crée pas (par son ignorance) de perturbation dans une dimension ou une autre.

Pour le chaman, lorsqu’une personne, une famille ou une société est malade ou perturbée c’est que les modes de vie de la personne ou de la communauté ne respectent pas les lois naturelles. Les chamans entrent alors en communication avec les esprits pour identifier les raisons du dysfonctionnement.

Ces intermédiaires entre les esprits et les hommes existent depuis la nuit des temps, dans toutes les régions du monde. Ils ont porté différents noms et joué des rôles variés à travers les siècles. Ils ont été totalement intégrés ou, au contraire, rejetés. Dans tous les cas, ils sont les messagers de la Terre, les gardiens des mondes subtils, les porteurs de la sagesse universelle depuis l’origine des tous premiers chamans.

Les pratiques du chamanisme

De nos jours, dans les cultures non autochtones, le chamanisme est étudié et pratiqué comme un chemin de vie. Suivant une perspective chamanique, les individus cherchent à être en relation avec l’esprit en toutes choses. Ils cherchent à utiliser l’information et les conseils de la réalité non-ordinaire pour former intentionnellement leur propre expérience de vie. Cette perspective n’est pas intrinsèquement contradictoire avec toute pratique religieuse qui permet à une personne d’être en relation avec ce qu’elle perçoit comme une puissance supérieure.

Formes de révélation

Le chaman peut remplir ses obligations soit en communiquant avec les esprits à volonté, soit par transe. Cette dernière a deux formes : les transes de possession, dans lesquelles le corps du chaman est possédé par l’esprit, et les transes vagabondes, dans lesquelles son âme part dans le royaume des esprits.

Concernant le premier cas, le possédé entre dans un état mental intense et montre une force et une connaissance surhumaine : il tremble, fait rage, lutte, et tombe finalement dans un état semblable à celui de l’inconscience. Après avoir accepté l’esprit, le chaman retrouve un certain degré de conscience et devient son porte-parole en « devenant celui qui est entré en lui ».

Concernant le deuxième cas, les fonctions vitales du chaman diminuent à un minimum anormal. L’âme du chaman quitte alors son corps et cherche l’une des strates du monde. Après son réveil, il raconte ses expériences, où il a erré et avec qui il a parlé. Il y a aussi des cas où la possession et l’errance se combinent, comme lorsque l’esprit entre d’abord dans le chaman et conduit ensuite son âme dans le monde des êtres surnaturels

La voix du silence

Par ses facultés à communiquer avec les mondes invisibles, le chaman est l’intermédiaire entre l’homme et la nature. Il est parfois messager, intercesseur, parfois médiateur. Dans la Chine ancienne, les premiers chamans étaient des femmes, les Nu Wu. Leur toute première fonction était de rechercher l’âme des enfants morts à l’accouchement pour les accompagner dans la lumière.

Devenir chaman est à la fois être un thérapeute, un conseiller, un guérisseur et un médium. C’est un sage qui doit suivre les 7 principes du chamanisme tout au long de sa vie. Il intègre dans une lecture instantanée une multitude de dimensions. Par son acuité, le sage ne se laisse plus tromper par l’apparence. Il voit dans le long terme aussi clairement qu’il voit dans le passé, car pour lui, le passé et le futur sont des concepts. Ce devin voit simultanément dans toutes les dimensions. On pourrait dire qu’il a une vision du monde holistique ou systémique, c’est-à-dire qui intègre simultanément les différents prismes d’une même situation et son environnement. Les sociétés traditionnelles sibériennes ont été un berceau important du chamanisme.

Depuis ces régions, les pratiques se sont répandues de la Baltique à l’Extrême-Orient et ont franchi le détroit de Béring avec les premiers Amérindiens. Depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, des pratiques chamaniques ont égrené dans toutes les parties du monde au cœur des peuples premiers, chez les Mongols et les peuples turcs originaires du massif de l’Altaï (entre Sibérie, Mongolie et Kazakhstan), mais aussi en Chine, en Corée, au Népal, au Tibet, en Amérique latine, ainsi qu’en Afrique, en Australie et au Japon, où l’empereur est encore régulièrement accompagné par un petit régiment de femmes chamanes.

Chez nous, avant l’arrivée du christianisme, les druides tenaient ce rôle. Ils avaient une grande connaissance de la nature, des plantes et des remèdes. En Bretagne, dans les Pyrénées, nos chamans établissaient un lien étroit avec le petit peuple de la forêt : les fées, les lutins, les gnomes, les elfes, les ondines.

Un chamanisme sans baptême

Menacé par les grandes religions, le chamanisme a parfois presque disparu. Au début de l’ère chrétienne, les chamans ont été persécutés et le chamanisme interdit. Dans la Gaule celtique, l’un des berceaux chamaniques, les druides ont été exterminés et les sorcières, grandes prêtresses, brûlées lors des campagnes d’évangélisation. Ailleurs en Europe, et jusqu’en Amérique du Nord, le christianisme a éradiqué les chamans et les guérisseurs qui ne reconnaissaient pas un dieu unique mais célébraient la dimension divine de la nature. Par endroits, le chamanisme a survécu en s’intégrant à d’autres religions. Les pratiques se sont alors superposées. Au Kazakhstan, notamment, conquis par l’Islam, ou au Tibet, le bouddhisme venu de l’Inde a assimilé les nombreuses traditions locales comme le chamanisme. Des religions se sont inspirées du chamanisme ou l’ont intégré en partie.

A travers les siècles, le chamanisme a continué de se développer, parfois parallèlement au bouddhisme, à l’hindouisme, au taoïsme, au shintoïsme, parfois totalement en marge. Partout sur la planète, les chamans ont coexisté avec les mediums, les voyants, les devins, mais aussi avec les moines, les yogis, les prêtres, les hommes-médecine. Au XXe siècle, à l’époque soviétique, les chamans de Sibérie ont été victimes de persécutions et de répressions. Par endroits, l’Eglise c’est contentée d’en discréditer les pratiques en les associant à des superstitions.

Le chamanisme se situe en dehors des religions. Il existait avant elles. A l’inverse des religions qui se sont développées sur la transmission d’évangiles ou de soutras, le chamanisme étant une tradition orale, il n’existe que très peu d’écrits. Sans aucun autre support que la tradition orale, il a perduré plusieurs dizaines de milliers d’années sur les cinq continents sans rien perdre de son essence, de sa profondeur et de sa complexité. Si le chamanisme n’a jamais été réellement perturbé par les jeux de pouvoir inhérents à toute religion, c’est qu’il est avant tout le langage de la nature. Il n’appartient à personne, et certainement pas aux hommes. En ce sens, il ne pourra pas être ni imposé ni détruit. S’il venait un jour à disparaître, cela signifierait que l’homme n’entend plus vibrer le cœur du monde.

Chamanisme et mutation

Le développement de notre civilisation a provoqué, avec l’extinction des peuples premiers, la disparition de nombreuses traditions de chamans. L’immense richesse de l’activité chamanique a été affectée parallèlement aux invasions de territoire, aux colonisations, aux campagnes d’évangélisation. Pourtant, ces éradications successives n’ont pas éteint le chamanisme dans son essence. Au contraire. Notre époque matérialiste a réveillé le besoin de restaurer le lien avec les esprits de la nature. Le chamanisme a montré ses différentes facettes. Libre de toute forme, il s’est mondialisé, a ouvert les frontières et permis aux différentes influences de se rencontrer, d’échanger, de pratiquer ensemble. Nul ne connaît l’avenir du chamanisme, ni l’aspect qu’il prendra demain.

L’humanité semble vivre l’une des mutations les plus importantes de son histoire. Alors que les spécialistes envisagent une possible extinction de l’espèce humaine dans le siècle en cours, l’homme confirme de se préoccuper de son confort tant il est coupé de sa véritable nature et de son environnement. Plus que jamais, il a besoin de se retrouver, de se souvenir d’où il vient et qui il est. C’est pour cette raison que le chamanisme vit une mutation si dynamique. Il renaît pour transmettre au monde actuel la quintessence de son enseignement. Le chamanisme n’a pas d’âge. Comme le Phénix, il meurt et de réinvente, il brûle et renaît de ses cendres. Ce feu vif et brillant venu des profondeurs de la terre vient rappeler aux hommes qui ils sont véritablement.

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