Les présages : Superstition ou connaissance ?

Introduction des présages

Dans l’opinion public, les présages relèvent exclusivement de la superstition. Voilà une erreur qu’il est important de dissiper d’emblée, pour éviter tout malentendu à propos de ce qui va suivre. Qu’est-ce en effet que la superstition ? C’est une croyance diffuse, un sentiment mêlé de confiance et de crainte, concernant ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire pour s’attirer la chance (le bonheur) et éloigner la malchance (ou le malheur). A ce titre, certains présages comptent parmi les superstitions les plus répandues : être treize à table, croiser un chat noir, renverser du sel, trouver un fer à cheval, etc. Ils existent d’ailleurs certains présages qui sont du domaine des phénomènes extraordinaires. Ce sont des phénomènes assez rares et spectaculaires qui sont souvent de l’ordre climatique.

Or les présages, à l’origine, sont autre chose que de simples superstitions, que l’on respecte sans les comprendre. Ils constituent une connaissance précise, la science des signes, qui est une partie de la philosophie occulte. Les superstitions ne sont que des formes dégradées de cette connaissance astro, qui est d’un ordre beaucoup plus élevé. Dont on retrouve notamment les présages des nombres. Pendant les millénaires précédent l’ère chrétienne, la connaissance des présages, sous le nom de Voyance Divinatoire, était considérée comme une science sacrée (d’où son nom, formé à partir de divinus, divin, qui a donné « deviner » et « devin »). C’était, littéralement, la science des dieux, la science qui nous égale aux dieux en nous faisant savoir ce qu’ils savent. Elle était donc fort en honneur chez les Égyptiens, les Chaldéens, les Grecs, les Romains et les autres peuples de l’Antiquité, qui n’entreprenaient rien d’important sans avoir consulté les devins. Notamment pour déceler les présages des éléments, les présages des astres ou bien encore les présages liés aux animaux.

Mais avec le triomphe du christianisme, la divination, sous ses différentes formes, fut frappée d’interdit. Ceux qui la pratiquaient et ceux qui avaient recours à elle étaient sévèrement punis, si bien qu’elle devint clandestine (comme d’ailleurs les autres sciences interdites que sont la magie et l’alchimie…). Devenue secrète, la divination avait officiellement disparu. Mais périodiquement, l’Eglise la condamnait à nouveau, ce qui prouve qu’elle ne cessa jamais d’être pratiquée. Après chaque interdiction, elle renaissait de ses cendres. Mais, en se survivant ainsi, elle se dégradait de plus en plus : réduite en formules très brèves, souvent rimées pour être retenues plus facilement, elle se réduisit à des dictons, des proverbes, que les générations se transmettaient oralement. Certaines de ces formules nous sont parvenues (comme par exemple : « araignées du matin, chagrin, araignée du soir, espoir »).

Le pouvoir de conviction qu’elles ont gardé, à travers des siècles de transmission orale, est un héritage de cette origine lointaine. C’est pourquoi elles exercent une fascination même sur ceux qui n’y croient pas. L’individu le moins superstitieux en apparence, c’est bien connu, éprouvera lui aussi une certaine gêne s’il se trouve à une table de treize convives, qu’il se refuse à l’admettre n’y changera rien. Les présages et les rencontres sont tout aussi importants. Cet héritage, toutefois, reste lettre morte si on se contente de croire aux superstitions, sans essayer de les comprendre.

La divination

La divination ou mantique est la science des présages. Elle comprend toutes les formes de prédiction. Notons cependant qu’il existe une divination appliquée au passé : c’est la cathartique, science des expiations ou des purifications. Les mêmes signes, en effets, qui servent à prédire l’avenir peuvent être utilisés pour connaitre les choses passées. Nous ne traiterons ici que de ce qui concerne la prévision de l’avenir, c’est à dire les présages. Un présage qui est un signe du Destin. Connaitre les présages, c’est être en mesure de recueillir des informations sur le sort que le Destin nous réserve dans telle ou telle situation. Un présage est un renseignement, un conseil du Destin, permettant de s’orienter, de prendre des décisions. Ce n’est pas un ordre ou une obligation que le Destin nous imposerait.

Faute d’avoir fait cette distinction, beaucoup de personnes se sont exposées à de graves déconvenues. En  effet, la déception risque d’être grande si l’on attend des présages qu’ils nous donnent une claire vision de l’avenir. Les présages nous conseillent une attitude, nous invitent à peser nos actions. Ils ne suppriment pas notre liberté d’agir, avec tous les risques qu’elle comporte, y compris celui de se tromper éventuellement.

Il ne faut donc pas attendre des présages une sécurité qu’ils ne sauraient donner. Ils nous aident à prévoir, mais prévoyance n’est pas voyance. La vision de l’avenir suppose, elle, ce don de voyance. Aussi celui qui désire s’initier à la science des présages doit-il se répéter cet axiome et le graver pour ainsi dire dans son esprit les quelques mots suivants :

La science s’acquiert dans les livres, mais le don s’acquiert par l’expérience.

Il est vain de demander plus que ces quelques connaissances que nous avons pour vous. Vous ne trouverez ici que l’exposé d’une science, accessible à quiconque avec un minimum d’effort et d’attention. La vision surnaturelle, en revanche, n’est réservée qu’à quelques-uns qui sont rares parmi les plus rares. Elle est interdite au commun des mortels, ce qui est conforme à l’ordre des choses.

Indépendamment de la clair vision de l’avenir, la science des présages apporte indiscutablement une connaissance des tendances, des intentions du Destin à notre égard. Mais ce serait mettre la charrue avant les bœufs que d’entrer prématurément dans le détail de ces explications. Aussi renvoyons-nous, pour la clarté du discours, tout ce qui concerne l’interprétation des présages (c’est à dire le sens qu’il faut donner aux présages en général, ce qu’il faut entendre par Destin, etc.).